iStockphoto

 

Design participatif radical : une méthodologie efficace qui place la communauté au centre des processus participatifs

Le Design participatif radical (DPR) est une méthodologie qui va bien au-delà des processus de participation classiques structurés autour de la société et qui, au lieu de placer la personne au centre, la remplacent par la communauté. Ce sont des processus longs mais il a été prouvé qu’ils sont capables d’apporter des réponses innovantes et intégrales aux crises sociales. La recherche apporte les clés nécessaires pour garantir le succès : renoncer au pouvoir , examiner la résistance des organisations, s’occuper des privilèges et soigner les traumatismes provoqués par l’oppression.

Cet article scientifique analyse la méthodologie innovante DPR et propose de la mettre à profit afin de faire face aux crises sociales actuelles, qu’elles soient environnementales, cycles de pauvreté et crises économiques ou conflits sociaux divers (racisme, ethnocentrisme, etc.). En effet, pour faire face à ces crises les changements individuels ne suffisent pas ; ils doivent au contraire être communautaires. Le DPR a donc pour objectif d’orienter les processus de prise de décisions dans le domaine communautaire et de mettre en place des actions collectives.

Il propose concrètement une radicalisation totale de la participation individuelle face aux méthodologies participatives classiques. Au-delà d’une simple méthode inclusive, son but est de faire en sorte que la diversité d’origine, d’âges, d’expériences et de points de vue transforment les personnes de la communauté en membres de plein droit du processus, au même niveau que les concepteurs, avec le même droit à la parole et le même niveau de décision. Les personnes participent par conséquent activement à toutes les phases de la conception, de la phase de définition à celle de la mise en œuvre. Le travail réalisé est rétribué de la même manière aux membres de la communauté et aux concepteurs.

« Étant donné que dans la société le pouvoir est organisé autour de certaines institutions et certaines personnes, il est nécessaire que celles-ci renoncent au pouvoir ».

Le fait que les concepteurs renoncent au pouvoir est l’une des clés du processus. Si les personnes de la communauté n’ont pas la permission de changer et de décider réellement de tout, ce n’est pas un processus DPR. L’organisation sociale du pouvoir dans certaines institutions et auprès de certaines personnes implique de réaliser un exercice conscient de renoncement permanent, tant de la part des institutions que des concepteurs et des individus privilégiés. Les personnes qui détiennent le pouvoir ne le lâchent pas facilement.

Privilèges et traumatismes des personnes opprimées

Pendant ces processus, il est indispensable d’avoir conscience des privilèges. Le plus grand potentiel de la communauté apparaît lorsque les personnes en situation de privilège et de désavantage se réunissent et se situent au même niveau de pouvoir. Il faut néanmoins tenir compte du fait que les membres des communautés colonisées, opprimées et en marge vivent souvent des expériences traumatisantes ; les concepteurs qui guident le processus doivent être capables d’identifier et de prendre en charge ces signes de traumatisme pour que ces personnes puissent devenir autonomes.

La recherche conclut d’autre part qu’il est important de consacrer le temps nécessaire aux processus. Il faut respecter le rythme de la communauté et il est vital d’être patient et souple. Ce sont des processus normalement plus longs que les processus classiques.

Toutes ces conditions garantissent que les membres de la communauté expriment bien leurs connaissances et leurs inquiétudes et que les solutions extraites du processus seront plus intégrales et durables. Elles peuvent être par conséquent très utiles pour apporter une réponse aux crises sociales, économiques et climatiques auxquelles la société doit faire face actuellement.