Miren Larrea

 

RIS3 : Pour développer des stratégies de spécialisation intelligente dans les régions européennes il est nécessaire d’impliquer les gouvernements sous-régionaux

Pour dynamiser l’industrie régionale il existe de plus en plus de processus participatifs permettant d’identifier les points forts de la région et les lignes stratégiques de recherche. En cours de processus se produisent néanmoins des goulets d’étranglement répétitifs et les chercheurs ont proposé certaines clés pour les résoudre : implications des Conseils provinciaux, agences de développement et municipalités, accès aux moyens pour canaliser les conflits et intégration des chercheurs en sciences humaines.

La Commission européenne a demandé à tous les pays et régions d’identifier leurs forces et leurs avantages en matière d’innovation et d’industrie par rapport à d’autres pour atteindre un nouveau modèle économique. Et, sur ces bases, de définir quelles seront les lignes stratégiques d’innovation qui devraient être financées en priorité. L’application de ces stratégies de spécialisation intelligente permettra aux régions d’être plus compétitives au niveau mondial.

La Commission a défini des stratégies de spécialisation intelligente (RIS3) pour pallier les préoccupations suscitées par le fossé séparant l’Europe et les États-Unis dans le domaine de la production industrielle, mais il n’est pas facile de les mettre en pratique puisque les processus de participation sont complexes. Les chercheurs proposent que les gouvernements sous-régionaux puissent jouer un rôle fondamental même s’ils n’ont pas de compétences en RIS3 puisqu’ils entretiennent une relation directe avec un grand nombre des agents impliqués dans le processus. L’utilisation de cette proximité et du networking peut faciliter la gouvernance.

Les trois clés du succès

Selon la recherche, l’efficacité du processus passe par la création préalable de réseaux entre les agents collaborant à la formulation de ces politiques. Cela exige une communication directe et efficace entre les gouvernements régionaux et municipaux… Les chercheurs ont analysé quatre exemples de la Communauté autonome du Pays basque pour identifier les clés du succès de la gouvernance à plusieurs niveaux : un processus dirigé par le Gouvernement basque, un par un Conseil provincial, un à l’échelle de la région et un autre à l’échelle de la commune.

« Les gouvernements sous-régionaux jouent un rôle fondamental dans l’application du RIS3, puisqu’ils sont en rapport avec de nombreux agents ».

L’analyse de tous ces processus a apporté les clés permettant de dépasser les problèmes évoqués dans le processus. Les agents issus des entreprises, les chercheurs et agents sociaux peuvent d’autre part être totalement capables d’identifier les forces d’innovation de la région. Ils recommandent donc d’éviter les décisions descendantes définies par les pouvoirs publics et d’utiliser à leur place un point de vue ascendant. Pour agir avec cette approche, ils pensent néanmoins qu’il est indispensable d’établir un modèle de gouvernance évitant les dynamiques de pouvoir. Le processus est complexe et des conflits peuvent surgir pendant la prise de décisions. Ils ont vu par conséquent qu’il est fondamental de chercher des moyens de résoudre les conflits avant de commencer les processus pour que ceux-ci soient réussis.

La recherche a finalement mis en évidence que la participation des chercheurs en sciences humaines dans le processus peut être fondamentale puisqu’ils tendent à transmettre leurs connaissances et à orienter le processus vers le dialogue, en encourageant des mécanismes innovants de gouvernance. S’agissant d’agents de changement actifs, ils réduisent le fossé entre les politiques et leur mise en application pratique.