Photo: Nagore Prieto

 

Il est nécessaire de procéder à un nettoyage chimique sélectif des graffitis de Punta Begoña

Il est prévu de commencer les travaux de restauration du bâtiment historique de Galerías Punta Begoña. Le projet envisage pour ce faire d’éliminer les graffitis faits au cours du temps, entre autres actions. Dans cette étude réalisée afin d’analyser les pigments et les agglutinants des graffitis, les chercheurs ont recherché les méthodes chimiques de nettoyage les plus pertinentes avant de commencer le travail. La restauration historique a besoin de moyens parce que les opérations ne sont pas simples.

Les Galerías Punta Begoña se trouvent à Getxo, en Biscaye, devant la mer. Le bâtiment est abandonné depuis longtemps et de nombreux graffitis ont été peints sur les murs. Du point de vue de la restauration, cela signifie qu’il y a de nombreuses couches de pigments superposés sur les murs. Dans la salle principale les graffitis recouvrent par ailleurs des tableaux originaux. L’une des difficultés principales du processus de restauration est précisément d’éliminer les graffitis sans endommager ni perdre les peintures.

Ces opérations de nettoyage sont souvent basées sur la méthode d’essai et d’erreur, mais dans ce cas les experts proposent une nouvelle stratégie. Une étude a analysé les pigments et agglutinants des graffitis. Elle a d’une part identifié leurs composants. D’autre part, les chercheurs ont également étudié l’effet du temps puisque l’environnement a introduit des polluants atmosphériques dans les pigments et provoqué plusieurs processus de corrosion. Une fois ces informations définies, le travail des chercheurs a consisté à définir une base d’élaboration d’une méthodologie chimique permettant de commencer le nettoyage.

Description de l’étude

Les résultats indiquent clairement que les graffitis des Galerías Punta Begoña ont été réalisés avec 15 sprays différents, même si les informations sur les composants des sprays commerciaux ne sont pas publiques. Pour obtenir ces informations, les experts en chimie analytique ont utilisé deux techniques courantes : la spectroscopie Raman et la fluorescence de rayons X.

La première technique sert à identifier les molécules des pigments par lumière infrarouge. Après avoir découvert les composants principaux, les chercheurs ont découvert que les sprays utilisés étaient les sprays les plus courants pour les graffitis. Ils ont également identifié les pigments des sprays de marques tierces. La deuxième technique identifie les atomes de métal et l’analyse met à jour un résultat attendu : le titane prédomine dans les pigments des graffitis de Punta Begoña sous forme d’oxyde de titane. L’oxyde de titane est habituel dans les pigments des sprays les plus utilisés.

« Il est difficile de nettoyer les graffitis de Punta Begoña sans endommager ni perdre les peintures d’origine ».

Chaque couleur est associée à un métal. Il s’agit néanmoins d’un marché particulièrement changeant sur lequel sont constamment lancés des sprays avec de nouveaux composants, ce qui empêche l’identification des pigments. Les aérosols libérés par la mer ont par ailleurs laissé plus d’éléments, tant sur les graffitis que sur les murs de Punta Begoña.

Les graffitis de la salle principale des Galeries Punta Begoña ont de nombreuses couches de pigments, de nombreux composants organiques et inorganiques ; le nettoyage ne peut donc être simple. Les chercheurs proposent d’une part de procéder à un nettoyage en plusieurs étapes en utilisant un produit spécifique pour éliminer chaque couche. Les informations obtenues sont par ailleurs disponibles. Ils soulignent enfin qu’il est nécessaire de disposer d’une base de données ouverte d’informations sur les composants de sprays commerciaux.